NOX

Nox, Guillaume Le Baube, Thackery Earwicket, Un je ne sais quoi

NOX

▲ Guillaume Le Baube & Thackery Earwicket
récit de l'errance surmoderne

Travail en cours / ℗ & © G. Le Baube + T. Earwicket + Un je-ne-sais-quoi 2013
Partenariats :  Arboretum + Revue Laura + Le Temps Machine + Fracama

Initié par la rencontre d’un photographe et d’un musicien qui à l’instar de Rainer Maria Rielke «croi[en]t à la nuit »[1], NOX est un projet de création plastique et musicale tentant d’interroger le spectateur/auditeur sur les conditions, sensibles et systémiques, de l’individu au sein de nos sociétés surmodernes.

Le concept de surmodernité développé par l’anthropologue et ethnologue Marc Augé[2], les notions intrinsèques de Non-Lieux, d’individualisation des références, de surabondances spatiale et événementielle articulent et façonnent, comme fondement et moyen, l’expression intuitive et spontanée des deux auteurs.

Le Temps et l’Espace nous permettent de comprendre et de structurer nos expériences sensorielles[3]. La Photographie et la Musique sont ainsi convoquées pour leur rapport dualiste à la temporalité : la Fixation et le Mouvement, l’Instant et la Durée.

Comme réponse – ou comme riposte – aux sociétés modernes et industrialisées qui modifient le rapport culturel et traditionnel au temps par l’accumulation des actes quotidiens et la superfluité d’une compilation d’instantanés, le photographe tend à extraire son sujet d’une imminence programmée, à l’encontre de « L’Instant Décisif »[4]de Cartier-Bresson, afin de l’inscrire dans la Durée, la Permanence. Le musicien, premier interprète de l’objet photographique et la Musique, dont le paramètre principal est le Temps ou Mouvement, corroborent l’expérience sensible et l’hypothèse d’un retour nécessaire à la lenteur fondamentale du rythme des sociétés humaines, à la force d’inertie qui assure leur cohésion.

La Durée est aussi la condition du déploiement d’une histoire et rattacher l’existence humaine au récit aide à ne pas confondre la Permanence avec l’instant, ni avec le néant. La méthodologie - le voyage, le récit - est ici empruntée au travail anticipatoire d’Edward Ruscha dans son livre d’artiste Twenty Six Gasoline Stations[5]. Les auteurs y adjoignent un catalyseur, la Nuit, symbole d’éternité et transposent le voyage en errance, associant par la même le prisme du Non-Temps à l’observation des Non-Lieux.

La Nuit devient alors le théâtre d’une fantasmagorie propice aux monstres, aux figures lumineuses fantasmatiques, un Proto-Ciné où l’image est fixe, l’observateur en mouvement, renvoyant le spectateur/auditeur au temps des mythes, des contes et légendes ainsi qu’à l’examen du sujet sous l’angle de l’expression individuelle universelle.

[1] Rainer Maria Rilke, Poèmes à la nuit 1913-1916, publ. 1976.

[2] Marc Augé, Non-Lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, 1992.

[3] Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, 1781.

[4] Henri Cartier-Bresson, Images à la sauvette, 1952.

[5] Edward Ruscha, Twentysix Gasoline Stations, 1963.

Votre panier est vide.